Une odeur appétissante plane dans la maison ce jeudi. L’odeur du thiamboudiem, le célèbre repas sénégalais à base de riz et de poisson que ma nounou nous prépare toutes les semaines. Maryama est une fille silencieuse et très calme. Rien dans son physique frêle ne dit que c’est un vrai cordon bleu qui peut vous préparer des merveilles aussi bien des plats marocains que des plats internationaux. C’est la 4ème nounou sénégalaise que j’ai depuis la naissance de mon premier enfant il y a 4 ans. Les Marocains préfèrent de plus en plus les sénégalaises car elles ont la réputation d’être sérieuses et surtout tendres avec les enfants. Résultat: elles viennent de plus en plus au Maroc, surtout qu’il n’y a aucun visa exigé, et s’installent en communauté dans des quartiers périphériques où le loyer n’est pas cher. Le même phénomène est constaté pour les phillipines qui sont de plus en plus demandées car elles peuvent inculquer aux enfants la langue anglaise.
Cela fait 8 ans que Maryama est au Maroc et elle a eu à faire à tout sorte d’employeurs, des bons et des moins bons. Mais toutes les sénégalaises que j’ai eu à la maison sont très affligées par le comportement général des Marocains envers elle et le racisme qu’elles ressentent dans la rue. Khadi, ma première nounou, me disait que des enfants lui jetaient des pierres dans la rue. Meriem, la troisième, se faisait traiter de «négresse». «Pourtant, au Sénégal nous aimons beaucoup les Marocains. Vous êtes une terre de pélerinage pour nous!», me disait-elle choquée, la voix tremblante.
A 40 ans, Maryama, paraît plus modérée dans ses propos, peut-être à cause de l’expérience qu’elle a accumulée. Cela dit, le racisme est bel et bien perceptible au Maroc envers les subsahariens (sénégalais, ivoiriens, nigérians, congolais…) qui viennent chercher du travail au Maroc. Poussées par la recherche d’une vie meilleure ou l’instabilité politique de leurs pays d’origine, certains ambitionnent d’accéder par la suite à l’Europe, mais voyant leurs tentatives échouer, ils se résigent à faire du Maroc leur terre d’acceuil.
En quittant le Sénégal, Maryama rêvait aussi d’un bel avenir, peut-être même un travail dans une entreprise. Mais elle s’est vite rendue compte que le marché ne lui laisse le choix que d’être nounou ou serveuse dans un restaurent. Elle a accepté le jeu, mais toujours avec l’idée qu’un jour, elle reviendra au Sénégal. Ce jour-là, elle aura déjà constitué de petites économies qui lui permettront de refaire sa vie dans son propre pays.
Bon! Le thamboudiem commence à refroidir. Il faut passer à table. Bon appétit!
/Nadia Lamlili